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Tremblay : le nom le plus porté au Québec

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Extrait d’un récit de vie

Comme chacun sait, le patronyme le plus répandu en France est Martin. Au Québec, c’est incontestablement Tremblay. Chez nos cousins, ce nom de famille est porté par environ 1 % de la population. Pierre Tremblay, de Randonnai, dans l’Orne, est à l’origine de cette grande famille. Environ 80 000 descendants, issus de son union célébrée en 1657 avec Ozanne Achon, résident au Québec.

Un travail de biographie m’a permis de rencontrer Claude Tremblaye, fondateur de la société sarthoise de transport et de déménagement. Sa lignée, qui fait partie de la 15e génération des Tremblay, a gagné un « e » par le hasard d’une écriture administrative. Voici les pages de son récit de vie qui retracent l’origine et l’expansion phénoménale de cette descendance.

 

L’incroyable saga des Tremblay

Photo stèle Randonnai (Orne) en hommage à Pierre Tremblay

Pierre, l’homme souche

« C’est à partir de cet homme souche qu’est née toute l’histoire. Il s’agit de Pierre Tremblay, l’ancêtre, fils aîné d’un laboureur de Randonnai. Ses parents possédaient quelques arpents de terre et habitaient dans une ferme dont le sol était en terre battue, et où chaque étage n’était éclairé que par deux ou trois fenêtres. Pour l’époque, ce n’était cependant pas la misère.

Dès l’âge de 8 ans, Pierre savait que les jeunes de la région partaient pour la Nouvelle-France. Des centaines de Français partaient à l’époque s’établir au Canada (alors colonie française), pour fuir la pauvreté.

Il a appris à Mortagne-au-Perche que l’on recherchait des jeunes pour s’engager dans cette démarche, et a été sensible aux discours tenus par les agents recruteurs, dont celui de Noël Juchereau.

En 1636, il a assisté, rêveur, au départ d’un gars de Randonnai, Eloi Tavernier. Mais la mort prématurée de son père l’a obligé à rester encore onze ans pour aider sa mère à la ferme.

Le départ pour l’aventure

Lorsque son frère cadet a été en âge de reprendre l’exploitation, Pierre, qui allait à ce moment-là sur ses 21 ans, a appris qu’un ami de la famille, Martin Huan, serrurier, s’apprêtait à partir pour le Québec.

Cet homme avait 40 ans, et inspirait confiance. Pierre n’a pas hésité plus longtemps et l’a accompagné chez Noël Juchereau, le recruteur. Le 9 avril 1647, Martin Huan et Pierre Tremblay signaient devant le notaire de Tourouvre leur contrat d’engagement pour 36 mois.

Outre « le vivre et le couvert », Martin Huan touchera 90 livres par an en tant que serrurier, et Pierre Tremblay seulement 75, car il n’était que laboureur. Les frais de voyage étaient pris en charge, tant à l’aller qu’au retour, car, comme tous les engagés, ils se réservaient la possibilité de rentrer à l’issue des trois ans.

Un voyage éprouvant

À la sortie de Tourouvre, les deux émigrants ont été rejoints par 17 autres recrues. Ils ont fait route à pied, en passant par La Flèche, pour rejoindre La Rochelle, le balluchon sur l’épaule et les quelques bagages suivant sur un chariot.

À La Rochelle, ils ont embarqué sur le grand bateau, « La Marguerite », pour un grand voyage de deux mois. Ils étaient tous entassés dans l’entrepont. La traversée a été rude, mais il n’y a pas eu de drame cette année-là.

C’était une chance, car l’année précédente, une épidémie de typhus avait décimé l’équipage et les passagers du bateau, et il avait fallu jeter à la mer la moitié des corps, couverts de larges taches violacées.

Une difficile intégration

Le 5 août 1647, Pierre a débarqué au Québec, où il a retrouvé plusieurs connaissances de Randonnai et de Tourouvre. Employé pendant quelques mois comme manutentionnaire au magasin Juchereau, il a ensuite été embauché dans une ferme sur la côte de Beaupré.

Malheureusement, le moment était mal choisi, car les Iroquois venaient d’exterminer les Hurons, alliés des Français. La situation était tendue, et derrière chaque arbre à abattre, un ennemi risquait de se cacher.

Au fil du temps, Pierre s’est senti isolé. Il devait recourir à un écrivain public pour donner des nouvelles à sa famille, et il n’y avait qu’un courrier par an pour la France. Dix ans après son départ, il avait quasiment perdu contact avec les siens.

La rencontre avec Ozanne

C’est à l’automne 1657 que 26 filles à marier ont débarqué de La Rochelle, hébergées chez les Ursulines de Québec. Elles n’ont pas attendu un mari bien longtemps. Pierre a courtisé Ozanne Achon, une paysanne de Puyravault, près de Surgères en Charente-Maritime.

Le 19 septembre, six semaines après leur rencontre, ils signaient d’une croix leur contrat de mariage. La cérémonie religieuse a été célébrée à Québec le 2 octobre.

Pierre a consacré toute sa vie à l’exploitation de la terre. Le 4 avril 1659, il s’est vu concéder une terre de 6 km de long sur 200 mètres de large à l’Ange-Gardien, sur la côte de Beaupré, au bord du Saint-Laurent. Chaque année, à la Saint-Martin, ils devaient payer au sieur Lauzon la modeste somme de 20 sols tournois et deux chapons vifs.

Le soutien de l’évêque

Pierre a construit de ses mains la maison de l’Ange-Gardien. On peut encore la voir sur le coteau avec panorama, situé sur l’Ile d’Orléans. Le 4 avril 1659, l’évêque, Monseigneur de Laval, va lui confier l’exploitation d’une ferme beaucoup plus vaste, à la Baie-Saint-Paul.

L’évêque a également veillé à l’installation de ses fils, en leur facilitant l’acquisition de terres à la Petite-Rivière-Saint-François et aux Éboulements. À la génération d’après, les Tremblay se sont établis aux Éboulements. Ils y ont construit un manoir, ainsi qu’à Détroit, où l’un d’eux a suivi Antoine de La Mothe-Cadillac en 1701.

Pierre, qui avait déjà 31 ans lors de sa rencontre avec Ozanne, a rattrapé le temps perdu. En 32 ans de vie commune, le couple aura en effet 12 enfants (dont 10 ont atteint l’âge adulte) et 83 petits-enfants.

Une nombreuse descendance

Leur descendance a également été très nombreuse : Pierre, leur aîné, aura 15 enfants et 125 petits-enfants, Michel 14 enfants et 87 petits-enfants, Jacques 6 enfants et 33 petits-enfants, Louis 14 enfants et 113 petits-enfants.

Six filles seront les ancêtres de familles aux noms bien connus des Québécois : Roussin, Gagné, Savard, Perron, Peymart dit Laforest, Pelletier. Au total, en incluant la descendance de leurs filles, ils auront plus de 500 arrière-petits-enfants.

Sur les 18 compagnons de route de Pierre Tremblay, seulement six sont restés au Québec. Les autres sont rentrés en France à l’issue de leur contrat. Il existe aujourd’hui environ 300 000 familles qui s’appellent Tremblay.

Les origines de la famille francophone la plus nombreuse en Amérique du Nord ont donc reposé sur le destin d’un individu. La saga des Tremblay doit son peuplement non pas à une forte immigration, mais plutôt à une natalité exceptionnelle et à la faiblesse de sa mortalité infantile.»

                                         « Histoire d’entreprendre » – Claude Tremblaye – 2018

 Une association dynamique

Récit de vie sur Les Tremblay du Québec
Armoiries offertes aux descendants lors du tricentenaire du mariage de Pierre et Ozanne

En 1983, Claude Tremblaye a rencontré pour la première fois la présidente de l’ATA (Association des Tremblay d’Amérique), créée en 1978. Il devient le président de la 12ème section de l’ATA. Cette section qui deviendra plus tard l’Association des Tremblay de France.

Il a concrétisé de grands projets autour de cet engagement qui lui tient à cœur. Parmi les plus importants, citons le mémorable voyage en France le 4 octobre 1988 de 430 dénommés Tremblay.

À cette occasion, une cérémonie d’inauguration s’est déroulée à Randonnai, avec trois initiatives honorant la mémoire du couple :

  • une rue, une salle et une stèle en marbre célèbrent le nom de Pierre Tremblay ;
  • la place où trône la stèle s’appelle désormais Ozanne Achon ;
  • une plaque a été posée sur la façade de « La Filonnière »,  maison natale de l’homme souche.

Claude Tremblaye est aujourd’hui le président d’honneur de l’association. Celle-ci reste très active avec quatre bulletins d’information et un voyage par an, alternativement en France et au Québec.

 

 

Un commentaire

  • Suzelle Morin

    Je suis de la 9e génération de la famille Tremblay.
    Mes deux grands- mères étaient des Tremblay de Petit-Saguenay (Alida Tremblay et Marie-Laure Tremblay).

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